lundi 13 avril 2009

Extrait 55

Je n'ai pas peur de la route
Faudra voir, faut qu'on y goûte
Noir Désir

16Km sur ton nouveau vélo violet, tu en es encore plus fière que le vert, sur celui-ci tout est possible, sans les mains, sans les pieds, tu oublies tout, tout, tout, la tête vide, tu pédales, tu te concentres sur ton équilibre et ta route, tout simplement. Sauf que celui-là il va falloir le repeindre, le graisser, le revisser, le regonfler, le remettre à neuf, le retaper, à l'image de sa cavalière qu'il faut sans cesse soutenir, relancer, aider, faire rire, avancer, encourager. Le nouveau-vieux vélo violet se retapera à la même vitesse que toi, si tu y mets du tien, si tu prends les choses en mains pour ne pas crever en route ou glisser sur un petit cailloux et t'écorcher sur les rochers en contrebas de ton chemin.
Et tout ira bien, le Vent l'emportera.

La réapparition de cernes noirs sous les yeux noisettes, c'est reparti. A quelle heure ai-je bien pu m'endormir ? Il était si tôt au petit matin quand j'écoutais encore cette chanson (interdite) et que le col du pyjama était humide. Quelle heure cela pouvait-il être quand je me suis enroulée dans ma couette, la tête qui tournait un peu et les jambes lourdes, tellement lourdes à soulever ? Quelle heure était-il quand j'ai envoyé le dernier message et que je me suis allongée sur le sol de ma salle de bain en priant pour que celui-ci soit mouvant et m'absorbe définitivement ? Il devait être tard quand je me suis passée la tête sous l'eau, cette eau qui roulait parfaitement dans les sillons sous mes yeux. Il devait être très tôt pour une nouvelle journée quand je suis sortie par mon étroite fenêtre, en quête d'étoiles et d'un nouvel air à respirer. Drôle de soirée dirait-on. On est un traître, ne l'oublie pas.
Le parfum de nos années mortes. / Des poussières de toi.

Envie de regarder La Boum à nouveau, histoire de vomir sur ces histoires de cœur à deux balles, celles qui n'existent JAMAIS pour de vrai, jamais. Mais ça n'a rien à voir avec ça. Convaincue ou convaincante ? Ou les deux ? Dîtes le moi, s'il vous plaît, dîtes lui, elle se perd à nouveau, elle est si fatiguée de tous ces évènements et de ce froid qui lui voile son sourire. Les joues toutes roses deviennent blanches, morbides, sans vie. Au milieu de ce qu'il reste, vous savez où la trouver si Dieu veuille que vous la cherchiez. C'est à l'intersection du passé, du présent, du futur, je ne sais où, qu'elle demeure, à la croisée des vents, et des tempêtes.
Mais qu'est-ce que j'ai fais ? Mais de quoi j'ai l'air ? / Que je ne définis pas.

Peut-être en effet qu'elle se morfond, qu'elle s'enferme, qu'elle se bouche les tympans avec des écouteurs en mousse, qu'elle fait la sourde oreille avec la musique au volume maximum, qu'elle se pique à des films tristes et romantiques, peut-être que grâce/à cause de toutes ces choses, elle s'enfonce un peu plus dans sa mélancolie. Elle n'a pas faim, les cheveux un peu gras aussi, un vieux pull trop grand, un baggy troué au genou réservé à la maison, et ces cernes, toujours ces cernes, pas très sexy tout ça, ça ne mérite pas de le devenir je crois. Cheveux coupés à la garçonne, allure enrobée de formes généreuse, peut-être un peu sportive mais le dos qui se courbe sous le poids de ce qu'elle tente de dissimuler, de cacher, ça ne se verra pas, personne n'y prêtera attention, c'est bon. Détrompe toi, il paraît que leurs regards sont aiguisés et qu'ils surveillent, sentinels, le moindre faux pas ou la baisse de moral qui engendrerait l'enfer à nouveau. Tu ne les vois pas, je ne vois personne, aucun visage derrière la vitre ou dans le reflet du miroir, rien. Même les mots me glissent sous les doigts, impersonnels et tellement communs. Et le carnet orange ne cesse de se remplir de phrases incensées et interdites.
Même si je te déçois reste avec moi. / Laisse moi partir vivre sans toi.

La musique peut rendre heureux, tout autant que le contraire. Elle produit un drôle d'effet sur ton moral quand elle a le malheur d'être bien choisie, et trop écoutée aussi. I want more. J'avais oublié les paroles car, en tentant de tourner la page, je l'ai supprimé de ma liste de lecture, de mes CD, de mon Ipod, je ne voulais plus l'entendre, plus JAMAIS. Mais dès les premières notes de guitare, elles me sont revenues, elles ont repris leur place dans le creux de ma poitrine et au cœur de mes sanglots. La mélodie, la voix, le doux balancement de tête quand on écoute une ballade, voilà tout est là. Bring me back to you. Et je la réécoute en boucle, je m'étais promis ! Trop faible je n'ai pu résister à l'appel de la nostalgie et du soupir, et à leur chant délicieusement protecteur.
Me laisse pas partir vivre sans toi. / Moi je ne suis rien.

Un besoin immense de se défouler, de ne plus être soi, de s'abandonner à une douce boisson ou à une fumée magique, de s'oublier, de fuir, de ne pas tourner le dos, de pleurer à en être desséchée et déshydratée. Miracle Drug. Nécessité grandissante d'un soutient, d'une épaule solide à mouiller de larmes sans avoir peur d'être ridicule, d'une voix tendre et encourageante, d'une poussée forte dans le dos pour me faire avancer, s'il vous plaît. The shadows on your face. Je ne veux pas que ça recommence, je me bats, mais mes petits poings ne frappent pas assez violemment, l'adversaire est de taille, les souvenirs ont de véritables fondations, eux.
Plus jamais loin de toi. / Tu comprendras.


Le vent l'emportera, tout disparaîtra
Le vent nous portera
Noir Désir

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