dimanche 12 avril 2009

Extrait 54


On ira cracher nos souhaits, on va donner de la voix.
Louise Attaque, histoire de changer un peu.

Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que l'on ressent ce genre de chose, un sentiment de liberté, mêlé à une nostalgie de l'enfance, et un envol vraiment vraiment plaisant.
Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que l'on jette sur des carnets noirs d'encre toutes ces choses, les plus intimes, les plus secrètes et les plus morbides aussi.
Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que l'on se morfond autant dans un silence aussi pesant et aussi meurtrier.
Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que je fais de la balançoire à presque effleurer le ciel bleu du bout de mon doigt, à croire que je peux réellement m'envoler.
Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que je cours dehors en entendant le son d'un Mirage 2000 et que je me précipite sous ses ailes et sous le son de son moteur, à l'unisson du battement de mon coeur. Et je sens mon rêve glisser entre mes mains tandis qu'il s'envole au-delà de l'horizon, plus loin que celui-là même.
Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que l'on soupire autant en voyant nos grands-parents vieillir et en sentant le temps passé comme jamais auparavant ni ailleurs.
Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que l'on joue au foot avec ses frangins, comme avant, comme si de rien n'était puisqu'eux sont trop jeunes pour se douter qu'une épine s'enfonce dans notre dos, ou notre cheville.
Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que l'on retourne dans des lieux connus, parfois détestés ou souhaités.
Il n'y a qu'à Cercy-La-Tour que l'on croise un Disparu sur des photos anciennes, et que l'on tourne si vite la page que personne n'est censé l'avoir vu. Je l'ai vu et je m'en suis alors rappelée. Personne n'y pense mais moi oui, je dois être la seule, c'est normal, tant pis.


Non, non, non je ne veux pas retomber. Mais je crains avoir remis le pied sur le bord du gouffre, la tentation y est grande vu d'ici, vu de haut. Je me persuade que non..et enfin je suis trop fatiguée alors OUF.

Attention car j'ai peur que cela ne tarde, je suis aux aguets, rien ne me surprendra. Me laisserais-je faire, et enfin glisser vers cette nostalgie complaisante ? Quelque part, je l'espère je crois. Il ne se passera rien. Il faut cesser de croire à tout ça ma fille, c'est fini, stop, jetté aux oubliettes cet amour si difficile à oublier. Aie, j'ai mordu à l'hameçon, comme avant, comme une idiote, alors j'écris, surtout sur lui, moi, tout ça, toute cette histoire que chacun et chacune connaît par coeur tellement je vous l'ai répétée. Et on dira Oh non, voilà qu'elle recommence ! je vous entend déjà le dire, le soupirer, peut-être le hurler aussi. Mais ai-je un jour seulement cesser ? Un seul jour, une seconde, une soirée, un matin, un mois, ai-je seulement cessé un moment d'y penser et de regretter ces paroles et ces instants ? Vous y avez cru tout autant que moi, et tout comme moi vous vous êtes pris au piège du fait c'était soit-disant réellement terminé. Elle n'y pensera plus, il est loin maintenant. Comment cela aurait-il été possible je vous le demande ? Et pourtant sachez bien que j'étais motivée, prête à tout pour laisser ces stupidités encombrantes de côté, et voilà ce que j'en fais, elles reviennent, à pas feutrés, dans mon dos, comme si je ne les avais pas vues, mesquines. Leurs ombres se profilent sur mes frêles épaules, j'ai toujours porté leur poids, et voilà. La roue tourne, toujours dans le même sens, l'histoire se répète et cette fois, comme les autres fois, je n'aime pas ça. La nostalgie me gagne, et vous savez par contre, tout autant que moi, combien elle me perd.


Allons, allons, mon enfant, soyons sages cette fois.

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