dimanche 28 juin 2009

Extrait 64.

Une rechute, je la pressentais, j'aurais pu mettre ma main au feu, mon corps tout entier s'il le fallait, mais j'avais raison, point barre. Une discussion de deux heures avec un inconnu que je ne reverrai jamais, un peu trop de Manzana, la musique, les lumières, les gens, les rires, l'alcool montant à la tête, puis[.]. Quelle imbécile j'ai fais. Je ne me souviens pas de tout, j'ai sûrement encore trop parlé, dis des stupidités qui l'ont fait fuir, prendre ses jambes à son cou et accroître l'impossibilité de nous recroiser, même au hasard. Une parole de trop, un départ, un regret, la solitude et enfin quelques larmes.

And then you kissed me.

Les souvenirs de cette dernière soirée à l'internat me laissent un vague sourire. La fumée magique nous a fait tourner la tête, on ne touchait plus le sol, nous étions ailleurs, tellement biens, tellement paisibles. Nous avons parlé de tous ceux que nous détestons, de ceux qui nous aiment un peu trop, de ces rêves intimes qui nous tiennent en vie, de ces souhaits secrets qui nous encouragent à avancer, de ceux que nous sommes tristes de quitter, de ceux qui ne nous manqueront pas le moins du monde, mais surtout de ceux que nous aimons car ce sont avant tout les plus importants.

And then you hit me.

Cette fête me laisse un étrange sentiment d'incertitude et de trahison. J'ai nié. Toute la soirée j'ai nié cet infime détail. Pourquoi ? Et ce dialogue de confiance m'a laissé espérer à une amitié naissante, mais je me trouve à nouveau face à une impasse, à un mur. Je ne me le pardonnerai pas, je n'ai pas été honnête. Je tiendrai cette stupide promesse parce qu'elle m'aide à tenir debout, je ne cèderai pas, je resterai forte cette fois, plus jamais je ne me laisserai aller, plus jamais les sentiments ne joueront avec la petite fille que je demeure. Le cercle se referme, tout recommence, je tourne en rond, je ne sais plus, je n'ai jamais su. Je vacille, je tremble, je faiblis et m'étends au sol, inerte.

vendredi 12 juin 2009

Extrait 63.

Tu vas pour voir voter ! Tu pourras conduire ! Et acheter de l'alcool ! Tu vas pouvoir t'autogérer ! Tu es majeure ! Alors ça fait quoi d'avoir 18 ans ? T'es une grande fille ! T'es vieille ! Tu vas pouvoir venir nous chercher à l'école et nous accompagner à la piscine sans les parents ! C'est surtout Nous que ça va avantager tout ça !

18 ans, même Paf le Chien y aurait survécu à celle-là. Courageux ce p'tit Paf malgré tout.

Les Papas ne demandent jamais si on a passé une bonne semaine ou comment vont nos amis. Jamais un Papa ne se questionne sur le petit ami de sa fille ou sur sa journée d'anniversaire au lycée ainsi que les surprises faites par les autres. Un Papa ne se préoccupe pas de ce qu'elle a pu vivre Mercredi soir ou d'où vient la rose rouge qu'elle tient délicatement entre ses mains. Les Papas ne veulent pas avoir l'explication des coups de soleil sur les épaules ni pourquoi elle a pris le train plus tard que d'habitude ce Vendredi-là. Un Papa ne sait pas que sa fille dort avec le teeshirt d'un garçon gentil entre ses bras comme doudou. Un Papa désire uniquement la fermeture des volets pour un sommeil meilleur et une tranquillité absolue pendant sa sieste. Mais un Papa est sourd comme un pot, et j'ai pitié de mes frères qui te posent plusieurs fois la même question et qui abandonnent, lassés de ne pas être entendus, ni écoutés. Et je suis moi aussi fatigués de ce froid, de ce mur trop haut à franchir pour que tu réalises ce qu'il se passe sous ton toit. Un Papa s'en fiche de savoir que sa fille va dormir dans les bras d'un autre les soirs de semaine..Un Papa sait seulement la taquiner avec ce petit ami auquel il ne prête aucun intérêt, aucune curiosité, aucune question, aucun avis, RIEN. Et cela, quelque part au fond de mon cœur fragile, me blesse. Alors on s'occupe des frangins, on joue à la petite maman, et on doit aussi réviser le BAC.

C'est toujours à la fin que tout commence. Tu viendras à Montpellier, parce que sans une Chaussette Sale, je ne suis RIEN. J'essaierais de ne pas partir trop vite, promis. On verra la vitesse que le vent mettra dans ma petite voile.

Que c'est bon de lever les yeux en étant certaine de rencontrer le regard amoureux d'un autre. Je prends goût à découvrir une tendresse nouvelle, et j'aime cette curiosité là.

dimanche 7 juin 2009

Extrait 62.

C'est formidable les copains
On s'est tout dis, on se serre la main
On peut pas mettre 10 ans sur table
Comme on étale ses lettres au Scrabble.

La nostalgie te noiera de ses perfides insinuations dans ces souvenirs et ces..rappelle-toi, n'oublie pas, regarde le temps que tu as gâché à courir sans but précis. Cette même nostalgie qui t'étouffe depuis longtemps déjà, et qui te fait agir sur des coups de tête, soit-disant une solution pour s'en débarrasser. Raté. On s'était rendez-vous dans 10 ans. J'espère qu'on se retrouvera, si loin serons-nous, si perdus nous nous retrouverons, à la croisée des chemins, on ne peut pas oublier 3 ans en si peu de temps.

Mon anniversaire tombe à nouveau le jour de la fin des cours. 18 ans, la majorité, voilà ce qui m'attend, comme tout le monde, j'y passerai aussi. A moins que..mais non, pas cette fois. Je ne veux pas que ça recommence, chagrin dû au fatal syndrome de Peter Pan, éternellement. Bonne nuit pays Imaginaire. Je n'y reviendrai plus, garçons perdus ne soyez pas tristes, on se croisera et vous serez en âge d'aimer et de brûler vos ailes trop près du soleil à l'image d'Icare. Comme Dédale fut triste. 18 ans, pire qu'un aller simple chez le dentiste. Je n'aime pas que les choses prennent fin, non non non. Restez encore un peu, ne détournez pas les yeux vers l'horizon, je suis encore derrière vous, je vous attendrais là où vous daignerez vous égarez, j'y camperai, j'y demeurerai, promis.

Et comme chaque année, les larmes couleront sans que je puisse y faire quelque chose. Parce que même les photos ne sont pas un remède contre ça, ni les vidéos, ni les certitudes de retrouvailles, ni les promesses, et la nostalgie me coupera les vivres, la garce.

Attendez-moi, attendez-moi.

lundi 1 juin 2009

Extrait 61.

N'importe quelle compagnie pourrait faire disparaître ce sentiment là, même celles des mots, fidèles au poste n'y peuvent rien. Je n'aime pas ça.

Je fuis, vos sourires, vos accolades, vos douces paroles, tes mains, tes bras, tes lèvres. Je ne peux rester en place, rester ici, même avec toi. Je ne suis plus sûre, je me sens perdue. Même si persiste ce grand sourire niais que vous connaissez tous par cœur, je suis terrorisée, je ne veux pas aller trop vite et gaspiller toutes ces secondes en ta compagnie.

Alors je continus d'écrire, de rédiger un tas de choses sans queue ni tête, juste comme ça, juste pour faire passer ce temps interminable, sans avoir rien à dire à personne. Juste pour oublier l'inoubliable et inscrire l'indicible. Mes ongles rongés d'anxiété en sont la triste preuve.

Aujourd'hui il fait beau, le soleil nous berce enfin de ses rayons dorés. 11 jours avant la majorité, aie. Beaucoup attendent l'année prochaine avec impatience, pas moi. Au contraire. et parce qu'au fond j'ai peur. Peur de ne .. chut, quelle imbécile. J'ai besoin de m'échapper de tout ça, on apprend à se connaître chaque jour un peu plus car il n'y pas de traces d'une amitié antécédente. Et c'est BIEN. Je suis curieuse, je veux que le temps nous laisse Notre Temps. Ridicule. Mais je ne peux faire endurer à un autre mon désir de partir ni mon incessante envie de cavaler.

Sara de Bob Dylan m'accompagne depuis déjà 2 jours et je ne peux détacher mes oreilles de cette mélodie aux accents de l'Ouest américain, comme face à d'autres, je suis impuissante.

J'ai rêvé qu'un grillage de barbelés m'avait défiguré et tout le monde regardait avec horreur ces cicatrices sur mon visage. Beaucoup ne les voyaient pas, d'autres étaient horrifiés et je lisais de la pitié dans les yeux de certains . Ils ne savaient pas toute l'histoire et se permettaient de me donner des leçons, insupportable. Et je finissais dans ma salle de bain, à pleurer comme jamais cela ne m'est arrivé, je regardais mon visage tailladé et je brisais d'un coup de poing le miroir. Les mains en sang, je tombai sur le sol, inerte. Puis je me suis réveillée.

We sing, we dance, we steal things.