lundi 7 septembre 2009

Extrait 68.


Il est déjà tard pour une fin de journée et beaucoup trop tôt pour un nouveau jour. J'aime quand le temps s'arrête à l'entre-deux, l'un se stoppe presque soudainement et l'on bascule dans 24H de nouveauté et de surprise. C'est comme dans une bonne soirée où on ne cesse de demander l'heure et que l'on se sent pris au dépourvu, surpris ou déçu. Renan Luce chante 24H01, et je ne vis que dans l'attente de cette Heure, celle où le temps nous file entre les doigts et nous dépasse. Un nouveau jour commence & ce soir & ce matin, j'aime ça.

A cette seconde précise tout semble réalisable et à porter de main, les pensées courent si vite qu'on ne peut les rattraper. Alors on les laisse filer, parce que c'est bon de ne rien maîtriser.

A cette seconde c'est...un pull London porté avec fierté parce que c'est celui de mon Frangin, qu'il tient chaud et qu'il a son odeur.

A cette seconde c'est...la fin d'un film d'ado avec Sophie Marceau, la fin d'un pot de sauce mexicaine terminé à la p'tite cuillère, et aussi celle d'une semaine banale dans l'ensemble.

A cette seconde c'est...des cheveux assez longs pour se faire une mini-queue de cheval sans être ridicule, un sentiment de féminité capillaire, tout neuf, tout beau et tellement satisfaisant, cadeau d'une patience méconnaissable de ma part.

A cette seconde c'est...la nouvelle chanson d'un DJ super connu qui passe en boucle dans mes oreilles, répétitive mais tellement entraînante, écoutée par tous les cas sos' dans leur voiture au coin de ma maison, mais tant pis.

A cette seconde c'est... une pensée pour Montpellier et cette nouvelle vie qui m'attend, j'ai envie de soirées étudiantes avec des inconnus, d'un colocataire charmant avec qui j'aurais une histoire, un ami fidèle avec qui déambuler dans les rues le soir juste pour discuter, un ami de bar avec qui aller boire des verres quand le moral est à zéro ou quand l'euphorie est à son maximum, je vois un pull à capuche noir, des RayBan solaires, des écharpes colorées, des jupes d'hiver, des collants originaux, des chapeaux, des sacs en bandoulière, des Converse, des écouteurs, des vélos, des nouveaux sourires, des places pavées, des entrées précipitées dans des cafés pour avoir chaud, des parapluies, des embrassades un peu éméchées, des nouvelles connaissances, des chambres étudiantes, des soirées improvisées, une bande d'amis, des yeux pétillants, qui sait un petit ami voire plusieurs, des pleurs de temps en temps, des regards interrogateurs, de la fumée dans les poumons et dans la tête, de la musique, oui beaucoup de musiques et de découvertes..Puis des retrouvailles le 20 N. N'oublions pas de se retrouver surtout.

A cette seconde c'est...la Nostalgie et Bordeaux qui me revient, qui n'est jamais vraiment parti , demeurant au creux de mes pommettes souriantes. Je pense au voisin qui n'a rien de plus qu'un autre et pourtant qui a Ce Truc. Tant pis, j'aime me rappeler la douceur de ses traits.

A cette seconde c'est...le futur prof de batterie de Cyprien, paraît qu'il est jeune&bien, paraît qu'il a du charme, paraît qu'il est agréable, paraît qu'il a fait la première partie de Lenny Kravitz, paraît qu'il porte un nom qui fait un peu irlandais, paraît qu'il est doué en musique, on verra bien.

A cette seconde c'est...l'envie d'une grande fête avec pleins de gens qui me manquent déjà, de danser semi-consciente sur une musique craignos, de me réveiller le matin avec un inconnu dans mon sac de couchage, de m'endormir dans les bras de P. de fumer avec C., de boire avec A., L., C. S., P., N., E., de rire avec C., de me promener avec B., de discuter avec A., de retrouver M. et partager un gâteau avec N., E. et M. & encore un tas d'autres. Certains se feront, d'autres pas, je le sais d'avance.

A cette seconde c'est..."on est jeune&on s'amourache trop vite, et tant mieux Cécilou, parce que justement on a toute la vie devant nous. Oui ça fait mal, mais ça fait tellement de Bien aussi !".

A cette seconde c'est...un sourire vraiment très très con aux lèvres, originaire de je-ne-sais-où, une insomnie imbattable, la publication de cet article qui fait un peu ado fêtard et insouciant, un peu crise de jeunesse complexée et en mal d'amour, un peu je-m'en-foutiste et inutile.

Alors viens faire toi-même le mélange des couleurs sur les murs de la cabane du pêcheur.


Photo d'un à Bar British-Bordeaux, souvenir d'un drôle de retour en TRAM& d'une nouvelle soirée à venir à HappyLand*.

mardi 1 septembre 2009

Extrait 67.



Souvenirs de cette semaine Bordelaise. Magique. Extra-ordinaire. Des sourires aux dents blanches, et des rires, oui ces rires éclatants de sincérité et de joie, qui me manqueront tant. La nostalgie de ces bons moments me gagnent. La vie semblait si simple, si facile, si jeune. Se lever vers 10h, p'tit dèj', prendre une douche, attendre le réveil des autres marmottes, puis manger vers 14h et traînasser à table en décidant du programme de l'après-midi. Après on se préparait à sortir (trouver le bon sac, les belles chaussures, l'accessoire qui rendra l'ensemble merveilleux...), les premiers prêts attendaient dehors dans la rue, croisaient le voisin avec un peu de chance. Puis à nous Bordeaux, à 4 ou à 10, à nous les bars sympas, la première boîte de bouzeux, l'américanerie stupide, les couleurs, le bordel, le camping, la chicha, les premières clopes, les bavardages, la musique, le garage de Paul, les nouvelles connaissances, les voisins appelant la police car "tapage nocturne", la plage, le train, l'attente pour la salle de bain, les repas, et surtout les apéros en Australie* dans la cabane.

On se serait cru dans L'Auberge Espagnole, et qu'est-ce qu'on aimait ça.

On n'avait pas d'horaires, pas d'obligations particulières, pas de règlements trop stricts, juste celui de se dire Bonjour tous les matins avec le sourire. Je me souviens encore de ces rigolades, un peu éméchés nous étions, sur la terrasse de la cabane, à refaire le monde, à apprendre à se connaître un peu plus, à se retrouver, à s'apprécier. Simplement, comme ça. Je me souviens encore des lève-tard, la tête dans le pâté et les yeux collés par la longue soirée. Ça faisait un peu scout, ça faisait un peu camp de vacances, ça faisait un peu HappyLand*, c'était bien nous. Je n'oublie rien & ça me manque tellement.

C'est idiot la nostalgie et le regret mais c'est presque humain au fond. Alors j'ai du mal à relever la tête ce soir quand toutes ces images me reviennent, cette sensation au creux du ventre et cette chaleur dans les membres, l'étourdissement du corps à cause de l'alcool et les épaules secouées nerveusement par un fou-rire incontrôlable. Alors j'écoute Danakil en boucle et j'aime ça maintenant.

Je respire ce parfum de fin de vacances et je regarde indéfiniment ses/ces photos et ça me rend malade, parce que la nostalgie devient une douleur. Il n'est presque plus agréable de se souvenir. Surtout quand je repense à ce dernier soir, on s'est quitté comme ça, comme si on allait se revoir le lendemain comme tout au long de cette fabuleuse semaine où tu étais invité tous les soirs avec nous. J'ai refusé la dernière clope par principe plus que par un réel refus. Alors dans le train, seule, excédée, fatiguée, triste, énervée, à bout, j'ai craqué. Il fallait que ça arrive. Je me rappelle sous la tente, à quel point j'ai pu t'exaspérer. "J'aurais voulu t'avoir comme grand frère" ou te rencontrer ailleurs, à un autre moment de ma vie peut-être, ou jamais. Pourquoi s'attacher en 5 jours ? C'est trop peu, c'est trop court, c'est trop idiot, et pourtant le désir brûle, puis se consume en silence, de discrétion, de honte aussi. Ce genre de personne presque inconnue avec qui j'aurais aimé passer des heures à refaire le monde le soir, te montrer ta première étoile filante toi qui n'en a jamais vu. Alors en attendant j'écoute Danakil, ça m'aide à ne pas oublier et à deviner les traits de ton visage dans la pénombre de mes souvenirs interdits.

Photo Semaine Bordelaise, la cabane.