mercredi 20 mai 2009

Extrait 60.

Et on se prend la main..

Fiou.

C'est bizarre, étrange, tellement nouveau et plein de fraîcheur à la fois. Je lève la tête, mes cheveux presque longs dans le sens du vent et je hume l'air, avec tant de plaisir et de joie que mon sourire reste scotché à mes joues enfantines. Et maintenant je peux le dire sans honte : je n'attends que tes bras, tes mains dans mon cou ou encore autour de ma taille, tes gestes tendres et ta voix grave, ta voix si agréable.

Et dans l'herbe verte, à l'image de tous les Camillards dignes de ce nom, nous avons rougi des coups de soleil, attrapés par un après-midi entier, enlacés, et si biens.

Je vais connaître la patience et apprendre le désir, enfin. J'ai hâte.

Je ne m'enfuirai pas. Pas cette fois. Fais moi confiance même si je ne prononce pas les mots que tu attends.

dimanche 3 mai 2009

Extrait 59.

Et hier, au centre de la piste de danse, Indochine passait à fond dans les grandes baffles noires, alors j'ai hurlé "J'ai l'impression d'être dans ma chambre !". Toutes ces lumières multicolores m'ont aveuglé, je me rappelle avoir été longtemps au milieu, à me déhancher sans aucune prestance ni aucun charme, comme une ado insouciante influencée par l'alcool coulant dans ses veines. Mais elle a su être raisonnable, cette fois, jusqu'à ce que l'excitation chute, il fallait s'y attendre. Et sache bien qu'elle s'est retenue longtemps de ne pas pleurer sur ton épaule. C'était étrange cet anniversaire, bien, mais vraiment étrange, je ne saurais dire pourquoi.

Et "Non, je ne suis pas un héroooos !". C'était drôle, étrange, mais drôle.

Aujourd'hui je suis restée dans ma tour d'ivoire, tantôt perchée à la fenêtre quand Joe Dassin me donnait envie de siffler là-haut sur la colline, tantôt au centre de la pièce, à rire, pleurer, toute seule quand Johnny Cash faisait naître Ring of fire sur sa guitare.

Je me souviens avoir senti couler longtemps, longtemps, longtemps, des larmes sur ma joue après t'avoir répété ces bétises, quelle imbécile, décidément. Quand arriveras-tu à poser un pied devant l'autre, avec certitude, sans fléchir, et sans regarder derrière ce que tu laisses ? Tu peux te relever et faire en sorte de ne plus jamais souffrir, plus jamais. Tu m'as conseillé de sauter, et de prier le ciel de me porter mais voilà. Je ne connais aucune prière de ce genre, et le ciel est trop Haut pour que je l'atteigne, beaucoup trop Haut. Alors je saute, les bras tendus à l'extrême, les jambes qui me poussent tels des ressorts, j'essaie, je l'atteins presque..et alors je retombe, à genoux, mais tout n'est pas perdu, n'est-ce pas ?

Pour que tu sois belle il faudra que tu le deviennes, puisque tu n'es pas née jolie. Il paraît que le fait d'être amoureux rend les gens beaux parce qu'ils ont dans les yeux ces milliers d'étoiles jalousées par les autres. Plus jamais je ne recommencerais une telle faute, c'est fini, plutôt fermer définitivement ma carapace à double tours que de la sentir éclater sous les coups de haches. Alors vois comme j'ai du mal à me débarrasser de ce fardeau de nostalgie, j'y ai cru, toi aussi paraît-il. Que fallait-il que tu me répondes alors que je ne comprenais que la moitié de mes propres mots ? Aurais-tu osé me prendre amicalement dans tes bras si je ne marchais pas de travers ce soir-là ? Et moi, t'aurais-je écouté si mes larmes n'avaient pas été aussi abondantes ? Même dans l'obscurité, les reniflements parlaient à ma place. Tu insistais pour que je te dise, quoi au fond ? Te répéter inlassablement ce que tu sais déjà et ce que toi tu as déjà laissé derrière ton dos ? Je ne suis pas de celles qui oublient facilement, j'avais enfin trouvé quelque chose de solide, je m'y suis accrochée. A ma plus grande perte. Les gens sont des menteurs que de me définir comme un coeur d'artichaut. C'est faux. Très peu savent la vérité.

Un jour, je tiendrais fermement ma langue, je la serrerais si fort qu'elle en saignera, et ainsi aucun mots ne s'échappera, même s'ils ne font que dire la sourde vérité depuis ces trois années.