
"J'aimerais que quelqu'un m'attende quelque part", comme le dit si bien Anna Gavalda.
Sur le quai d'une gare, dans un aéroport, un café, entre deux rayonnages de livres, devant le portail du lycée, chez moi, dans un parc, sous un arbre, au bord de l'eau, dans une petite boutique, une grande surface, dans une salle d'attente, à la Poste, sur le net, ici, là-bas, ailleurs, peu importe au fond, car ne dit-on pas que c'est l'attention qui compte le plus ?
Alors je mange des Skittles, la couleur et le sucre de ces petits bonbons acidulés sont le meilleur remède contre ce Blues-là. Si tu sais, ce blues là. Celui qui te prend aux entrailles et qui renverse tout ce qui tient debout autour de toi, oui celui que tu connais. Ce blues qui te fait soupirer toutes les secondes, celui qui ne laisse jamais à tes yeux le temps nécessaire pour sécher, celui qui te fait perdre espoir en tous ces édifices que tu croyais solides en fondation, celui qui te force à regarder de vieilles photos, celles que tu as dissimulées loin dans ta mémoire (et dans celle de ton ordinateur). Le fameux blues qui t'abat quand tu es trop seule, peut-être trop longtemps, qui te frappe dans le dos, dans le noir, de sa lame aiguisée, celui qui te tape sur les doigts alors que tu allais peut-être prendre le téléphone, celui qui te fait dire toutes ces horribles choses que tu penses peut-être un peu, celui qui te fait perdre ta certitude. Ce blues qui te perce au plus profond de ton être, celui qui fait resurgir les drôles de fantômes disparus, celui qui empêche tes lèvres de s'étirer, ce blues, tu sais, qui t'oblige à ne rien faire, à ne plus parler, plus rire, tu sais très bien, ce Blues, celui qui te fait tant écrire.
Alors j'écoute la BO de Subway car elle seule me permet de me sentir bien, mieux que la coc' ou l'héro, oui mieux que Indochine précédemment cité. Celle-là de musique te porte loin, loin, loin et tu ne pleures pas sur ton propre sort mais plutôt de retoucher terre quand il faut remettre le CD en route. Et on recommence, c'est reparti, c'est tellement bon.. Et je me sens portée par les différents rythmes de ces chansons-là, surtout quand on a vu le film la veille, on se sent bercé en un lieu sûr, fantomatique où l'aventure, la peur, le désir de l'impossible et l'espoir ne font qu'un, se mélangent, se contredisent et se répondent en un parfait écho. Et ça c'est vraiment libérateur, de se laisser aller, caresser, même noyer sous ces mélodies et ces accords parfaits à mon oreille, dont je ne connais ni les notes ni les enchaînements.
Alors je m'absente à nouveau, sur mon vélo vert, tu sais celui sur lequel je me sens si bien, différente, invincible, les cheveux (qui poussent !) au gré de cette brise de fin d'après-midi, me faufilant, invisible, entre les voitures, quelques coups de klaxon, tant pis pour la priorité, je veux être la première au bord du Rhône.
Alors je m'absente à nouveau, sur mon vélo vert, tu sais celui sur lequel je me sens si bien, différente, invincible, les cheveux (qui poussent !) au gré de cette brise de fin d'après-midi, me faufilant, invisible, entre les voitures, quelques coups de klaxon, tant pis pour la priorité, je veux être la première au bord du Rhône.
Il paraît que les Gens ne mordent pas, qu'ils sont inoffensifs, je ne te crois pas.
Alors je vais m'en aller, mais tu devais t'en douter n'est-ce pas ?
Alors me voilà déjà re-partie, j'aimerais tellement que ça ne se passe pas comme ça, comme ces fois-là, où tu étais là, te souviens-tu ?
Alors je ne pleurerai pas car les larmes sont synonymes de faiblesse, et je dois être forte et courageuse, au moins devant eux, au moins pour le passager clandestin qui est parti trop vite, au moins pour lui, je lui dois au moins ça.
Alors tout me revient et il m'arrive de penser à toi, à lui, à ce dont je m'étais interdis depuis longtemps déjà. Mais les fantômes renaissent rappelle-toi.
Alors ils reviennent hanter mes nuits qui jusque-là étaient plutôt paisibles, reposantes et confortables.
Alors il me sera facile encore de cacher tout ça puisque je me suis promis, si j'en re-parle, je re-tombe et je ne veux pas re-tomber aussi bas, être dans cet état, dans lequel vous m'avez ramassé à la petite cuillère, morceau par morceau. J'étais anéanti, détruite, et puis j'ai réussi à oublier, à avancer et à te laisser derrière moi alors ne me re-tente pas.
Alors tout m'est revenu en mémoire, ces sourires, cette joie dans les yeux, ce bond dans la poitrine, ces tremblements, ces regards qui disaient tout ce que les mots ne pouvaient décrire ou expliquer. Je veux les re-trouver, je veux re-tomber...J'ai besoin de ça, de ton estime, de tes pensées qui te trahissent mais qui ne me jugent jamais. Cette époque où nos faits et gestes étaient notre reflet, c'était facile. Et j'ai cette peur terrible qui commence à me saisir le ventre, la peur de la solitude, de l'avenir, de la perte, de l'éloignement, de l'enfermement et de la résurgence. Je me suis surprise à prendre plaisir à y repenser, il ne fallait pas que cela arrive, tu sais combien je suis faible !
Alors j'ai peur que l'histoire se répète, se pourrait-il que je radote ?