vendredi 27 mars 2009

Extrait 53



"J'aimerais que quelqu'un m'attende quelque part", comme le dit si bien Anna Gavalda.

Sur le quai d'une gare, dans un aéroport, un café, entre deux rayonnages de livres, devant le portail du lycée, chez moi, dans un parc, sous un arbre, au bord de l'eau, dans une petite boutique, une grande surface, dans une salle d'attente, à la Poste, sur le net, ici, là-bas, ailleurs, peu importe au fond, car ne dit-on pas que c'est l'attention qui compte le plus ?

Alors je mange des Skittles, la couleur et le sucre de ces petits bonbons acidulés sont le meilleur remède contre ce Blues-là. Si tu sais, ce blues là. Celui qui te prend aux entrailles et qui renverse tout ce qui tient debout autour de toi, oui celui que tu connais. Ce blues qui te fait soupirer toutes les secondes, celui qui ne laisse jamais à tes yeux le temps nécessaire pour sécher, celui qui te fait perdre espoir en tous ces édifices que tu croyais solides en fondation, celui qui te force à regarder de vieilles photos, celles que tu as dissimulées loin dans ta mémoire (et dans celle de ton ordinateur). Le fameux blues qui t'abat quand tu es trop seule, peut-être trop longtemps, qui te frappe dans le dos, dans le noir, de sa lame aiguisée, celui qui te tape sur les doigts alors que tu allais peut-être prendre le téléphone, celui qui te fait dire toutes ces horribles choses que tu penses peut-être un peu, celui qui te fait perdre ta certitude. Ce blues qui te perce au plus profond de ton être, celui qui fait resurgir les drôles de fantômes disparus, celui qui empêche tes lèvres de s'étirer, ce blues, tu sais, qui t'oblige à ne rien faire, à ne plus parler, plus rire, tu sais très bien, ce Blues, celui qui te fait tant écrire.

Alors j'écoute la BO de Subway car elle seule me permet de me sentir bien, mieux que la coc' ou l'héro, oui mieux que Indochine précédemment cité. Celle-là de musique te porte loin, loin, loin et tu ne pleures pas sur ton propre sort mais plutôt de retoucher terre quand il faut remettre le CD en route. Et on recommence, c'est reparti, c'est tellement bon.. Et je me sens portée par les différents rythmes de ces chansons-là, surtout quand on a vu le film la veille, on se sent bercé en un lieu sûr, fantomatique où l'aventure, la peur, le désir de l'impossible et l'espoir ne font qu'un, se mélangent, se contredisent et se répondent en un parfait écho. Et ça c'est vraiment libérateur, de se laisser aller, caresser, même noyer sous ces mélodies et ces accords parfaits à mon oreille, dont je ne connais ni les notes ni les enchaînements.

Alors je m'absente à nouveau, sur mon vélo vert, tu sais celui sur lequel je me sens si bien, différente, invincible, les cheveux (qui poussent !) au gré de cette brise de fin d'après-midi, me faufilant, invisible, entre les voitures, quelques coups de klaxon, tant pis pour la priorité, je veux être la première au bord du Rhône.

Il paraît que les Gens ne mordent pas, qu'ils sont inoffensifs, je ne te crois pas.

Alors je vais m'en aller, mais tu devais t'en douter n'est-ce pas ?

Alors me voilà déjà re-partie, j'aimerais tellement que ça ne se passe pas comme ça, comme ces fois-là, où tu étais là, te souviens-tu ?

Alors je ne pleurerai pas car les larmes sont synonymes de faiblesse, et je dois être forte et courageuse, au moins devant eux, au moins pour le passager clandestin qui est parti trop vite, au moins pour lui, je lui dois au moins ça.

Alors tout me revient et il m'arrive de penser à toi, à lui, à ce dont je m'étais interdis depuis longtemps déjà. Mais les fantômes renaissent rappelle-toi.

Alors ils reviennent hanter mes nuits qui jusque-là étaient plutôt paisibles, reposantes et confortables.

Alors il me sera facile encore de cacher tout ça puisque je me suis promis, si j'en re-parle, je re-tombe et je ne veux pas re-tomber aussi bas, être dans cet état, dans lequel vous m'avez ramassé à la petite cuillère, morceau par morceau. J'étais anéanti, détruite, et puis j'ai réussi à oublier, à avancer et à te laisser derrière moi alors ne me re-tente pas.

Alors tout m'est revenu en mémoire, ces sourires, cette joie dans les yeux, ce bond dans la poitrine, ces tremblements, ces regards qui disaient tout ce que les mots ne pouvaient décrire ou expliquer. Je veux les re-trouver, je veux re-tomber...J'ai besoin de ça, de ton estime, de tes pensées qui te trahissent mais qui ne me jugent jamais. Cette époque où nos faits et gestes étaient notre reflet, c'était facile. Et j'ai cette peur terrible qui commence à me saisir le ventre, la peur de la solitude, de l'avenir, de la perte, de l'éloignement, de l'enfermement et de la résurgence. Je me suis surprise à prendre plaisir à y repenser, il ne fallait pas que cela arrive, tu sais combien je suis faible !

Alors j'ai peur que l'histoire se répète, se pourrait-il que je radote ?

dimanche 22 mars 2009

Extrait 52


5 jours sans se rendre à l'école, je suis contagieuse et je n'aime pas ça. J'ai l'impression d'être un drôle de cobaye que l'on questionne et dont on se méfie car il pourrait être dangereux. Personne ne croit que la fameuse coqueluche est de retour, et pourtant la voilà. Déjà 2 cas au Lycée. On m'a presque mise en quarantaine, je ne dois pas ouvrir le frigo, je dois passer un coup d'essuie-tout sur le clavier après moi, pas de bagarres avec les frangins, pas le droit de boire dans le verre d'un autre pour le taquiner..D'accord ce n'est pas si terrible, je peux parler, bouger, sortir, mais je n'aime pas être malade, ça me rend malade. Alors j'écoute des musiques qui me font sortir un peu, façon de parler. Surtout Le vent nous portera, de Noir Désir, elle, est excellente pour voyager un peu.

Et le vide-grenier ce matin était bizarre. J'aime beaucoup cette ambiance, tout plein de gens, tous ces objets usés, mélange hétéroclite, pas mal de Maghrébins, j'aime leur accent et leur manie de toujours tout négocier avant d'acheter. Et je riais presque ce matin de voir tant de monde, comme chaque dimanche matin, et ces exclamations " 1 euros les 2 ! Pas cher ! ". Je me sentais bien jusqu'à ce que cette amie arrive et qu'elle prononce ces mots, si faciles pour elle. Je l'aurais giflé, noyé dans le lac pas loin de la base de loisir, étranglé sa phrase dans sa gorge et entre ses lèvres qui se voulaient aimables. D'accord elle ne savait pas. Le plus dur des mots a été prononcé ce matin-là, celui que j'attendais au fond, le voilà, avec sa lame tranchante. Je savais combien les mots pouvaient être meurtriers quand ils étaient bien choisis et bien placés, mais celui-ci est pesant, lourd, étouffant comme aucun autre. L'entendre de sa bouche fut la touche finale. Alors je les ai laissé parler et j'ai tourné le dos, comme je le fais si bien. Je me suis enfuis à ma façon, mais avec ce mot-là comme boulet à la cheville. Personne n'avait encore osé le dire même s'il était maudit, sur le bout de toutes nos lèvres étirées en un sourire triste.

Aie.

samedi 21 mars 2009

Extrait 51


Le nouvel album d'Indo est enfin sorti, ça fait du bien, du son/sang neuf.
Et c'est BON de les entendre murmurer cette poésie, chanter ces mots, jouer ces mélodies, exquises, rafraîchissantes, envoûtantes. Telle une drogue, autant d'effets que l'exta ou l'héroïne, cette musique me suffis à planer, à m'enfuir, m'échapper de ces griffes, me sentir bien, aussi simplement que ça pourrait l'être si, petite fille tu acceptais de grandir, de voir l'avenir et non pas de le cacher dans ton dos en avançant à reculons.

[Même si je te déçois reste avec moi.]

Et cette coqueluche qui m'essouffle, chaque inspiration est une bouffée de trop, douloureuse. Une crise d'asthme non-stop. Mais je suis vaccinée ! Injustice quand tu nous tiens..



Petit passager clandestin,

Et je pense à toi, même si tu n'es pas resté longtemps. Une boule au creux du ventre, l'estomac noué, les yeux humides quand je me dis que tu n'as pas eu le choix toi et que je me plains de l'avoir. Un garçon, j'en suis sûre, certaine. Gaëtan ? Alban ? Théophane ? On avait commencé à penser au prénom tu sais. On avait même fait quelques projets aussi tu sais. Puis tout s'est passé si vite. 3 mois. Plouf. Plus rien. Personne n'ose en parler, mais tu es dans mes pensées les plus secrètes, les plus sombres aussi. Quelle surprise quand j'y repense ! Un passager clandestin, c'est ainsi que Nana t'avais surnommé. Aussitôt renvoyé à la mer agitée, pas de radeau, ni de barque, ni de bouée. Plouf. C'est injuste ! C'est dur tu sais. Il paraît que du bon peut sortir de cette absence mais je ne vois pas comment. [Je voulais te dire n'aies pas peur de partir.] Je cherche le positif je t'assure pourtant aucune éclaircie. Je savais déjà où t'emmener, qui te présenter, les films et les livres à te faire découvrir..Les mots ne sont pas faciles. Eux aussi sont en deuil, morts. Je veux que tu saches que je pense à toi et que je ne t'oublies pas. N'en veux pas aux autres de ne pas vraiment réaliser, ils sont encore innocents, naïfs, insouciants et si petits. Je voudrais pouvoir poser des mots justes, forts, tu sais je n'ai que de frêles épaules. J'aurais aimé être une grande soeur que tu admires, courageuse, presque un modèle mais vois-tu je ne parviens qu'à poser des phrases ridicules et simplistes, comme n'importe qui pourrait le faire. J'essaie d'être différente pour te dire à quel point tu me manques et que j'aurais voulu voir ta frimousse, te serrer dans mes bras et pleurer de joie plutôt que de pleurer de cette fatalité, cette injustice, inévitables. Je te parle déjà dans ma tête, ce n'est que le début d'une intime correspondance fraternel. A côté de moi ils rient car ils ne se rendent pas compte, s'il te plaît ne leur en veux pas, ils sont si jeunes. La surprise n'était au départ pas très bien accueillie, ça ne nous plaisait pas trop et là vois le mal qui commence à me ronger. Tout le monde pense à toi, un peu à nous aussi, mais nous on s'en fout. J'écoute des musiques qui m'évadent, ça m'aide tu sais. Et puis j'ai la coqueluche, maudite coqueluche, maladie infantile. 5 jours enfermée dans cette maison qui respire le morbide et le manque. Malgré les condoléances des amis, une plaie est ouverte, et c'est dur tu sais. Ce n'est pas ta faute, l'injustice frappe dans notre dos, la salope.

Tu es là, moi aussi, on restera ne t'en fais pas,

Cécile.



Photo is mine.

dimanche 8 mars 2009

Extrait 50

Un moment que je n'ai pas posté sur Hop Hop HOP Ricochets. Tout simplement parce que mon carnet orange en cours de philo est bien plus pratique et bien plus fidèle quotidiennement. Alors aujourd'hui j'écris pour le simple plaisir, et aussi parce qu'un petit besoin vient de naître en moi, ce besoin qui me force à poser des mots partout où je peux en laisser derrière ou devant moi : bordures de cours, carnet orange, vert, jaune, blog, feuilles volantes, cahier de brouillon...

Write, wrote, written.

Les cours passent et Cécile trépasse, se fait piétiner sous ce flot qu'elle ne parvient pas à gérer par un simple manque d'organisation. Jamais en cours elle ne va penser : bosse, suit, écoute, entend, enregistre, mémorise, note, écrit, cesse de rêver, participe, parle etc etc..Non, non, non, cela la rendrait malade, la nausée, le mal de mer, de terre ? Peu importe. Elle déteste ça alors elle se laisse submerger, un peu trop peut-être. Elle n'aime pas l'école et traîne les pieds tous les matins pour s'y rendre. Même les pauses deviennent d'une monotonie insupportable.

Leave, left, left.

La météo devient orageuse malgré le soleil qui perce un peu plus chaque jour, le printemps approche et il est censé faire beau. Mais chez moi la tempête se lève. Les cheveux dans le vent, les chapeaux s'envolent, les sourires et les regards aussi sont emportés par ces bourrasques. Le soleil reviendra, on l'attend tous.

Burn, burnt burnt.

Anxieuse pour l'année prochaine. Toujours pas d'école, de lieu sûr qui m'attend, de chemin tracé, de panneaux de signalisation qui pourraient me guider dans mes choix. NADA. Les parents stressent pour moi. Anxieuse mais paradoxalement tranquille. Je ne me prends pas la tête. Ah ? Je devrais ?

Cling, clung,clung.

On a commencé à se perdre de vue à l'adolescence. Souvent, puis plus longtemps. En vacances de vie, en vacances d'envie. Et puis la Vérité, celle qu'on cache, celle qu'on chuchote, celle qui dérange. Dis-moi les vents, les courants qui t'entraînent. Dis moi les songes qui frappent à ta porte, les illusions, les diables qui temportent. A quoi tu penses quand revient le soir ? Tes quatre murs renferment quels espoirs ? Que doit-on lire dans ton sourire idiot ? D'autres sourires sans paroles et sans mots ? Les horizons des barreaux de ta cage. Que vois-tu quand tes paupières se closent ? Ton autre chemin.

Catch, caught, caught.

Parce que j'aimerais pouvoir rester la même tu comprends ? LA MEME ! Mais je sens bien que je grandis, et j'avoue que je n'aime pas trop ça. Si je cessais d'écouter certaines musiques peut-être oublierais-je certaines choses qui m'empêchent d'avancer ? Je ne parviens pas à m'en détacher, il le faudrait mais c'est trop dûr de laisser de côté, dans un coin, derrière nous, de sauter le ravin, voire d'oublier, de "passer à autre chose" comme on le dit si facilement. Et bien non. Je suis nostalgique pour un rien et je le demeure, même si cela devient maladif.

Feel, felt, felt.

Alors je lis Oscar Wilde, histoire de m'enfuir un peu.

Fall, fell, fallen.

Et quand la boisson reprendra le dessus sur ma raison, que la musique m'emportera, que tu seras près de moi, alors je te ramènerais à ça, à ces paroles que je t'ai dite plus de dix fois et qui ne signifient rien.

Tell, told, told.